• El Alia et le massacre du 20 août 1955

    El Alia et le massacre du 20 août 1955

    philippeville
    Le 10 novembre 2014
     
    Par notre ami Manuel Gomez Ecrivain
     
     
    Y avait-il quelqu’un, même un simple anonyme, ce samedi matin, 1er novembre, pour se recueillir sur les tombes de ces 123 victimes du FLN ?
     M. Bouteflika, Président de la République Algérienne, entouré de nombreux membres de son gouvernement, du Président du Conseil et du ministre de la Défense, s’est recueilli samedi matin 1er novembre, devant le carré des martyrs au cimetière d’El Alia, à Alger.

    El Alia (à l’époque El Halia) est un nom hautement symbolique : celui d’une victoire écrasante du FLN vers la conquête de l’indépendance de l’Algérie.

    C’est dans ce petit village minier près de Philippeville, où les Arabes et les Français cohabitaient en parfaite osmose, que le 20 août 1955 à 12h, une katiba (bande de terroristes-égorgeurs du FLN), armée jusqu’aux dents, a massacré 123 habitants (71 européens, 52 musulmans et 120 disparus).

    Mais je laisse la parole à Marie-Jeanne Pusceddu, qui était sur place ce jour-là (Marie-Jeanne a été recueillie par les sœurs de Saint Vincent de Paul à Lacanau-les-Bains (Gironde) :

    « Il était 12h lorsque nous avons entendu des coups de feu et les youyous des mauresques. Tous les hommes travaillaient à la mine. Ma belle-sœur, Rosé, sa petite dernière, Bernadette (3 mois) dans les bras, et ses enfants, Geneviève, 8 ans, Jean-Paul, 5 ans, Anne-Marie, 4 ans et Nicole, 14 ans, sont venus se réfugier chez nous. Il y avait ma mère, mon frère Roland, 8 ans, mes sœurs Suzanne, 10 ans, et Olga, 14 ans, et mon mari qui venait de rentrer pour déjeuner avec nous. Mon autre fils, Roger, 17 ans, travaillait à la mine.

    Les fellaghas ont fait irruption en cassant la porte à coups de hache. C’était Chérif qui le dirigeait. Chérif, le chauffeur de taxi, notre ami, lui qui avait assisté à notre mariage et était venu nous chercher à la gare à notre retour du voyage de noces. Il commandait les fellaghas qui hurlaient : ‘Nous voulons les hommes’.

    Chérif a tiré en pleine poitrine sur ma pauvre mère avec son fusil de chasse. Elle est morte sur le coup, avec Roland dans ses bras, grièvement blessé.

    Rosé a été tuée d’un tir dans le dos et son bébé écrasé contre le mur.

    Ensuite, Chérif a tiré sur moi et j’ai reçu la balle à la hauteur de ma hanche. Olga, ma sœur, a été violée puis assassinée et mon autre sœur, Suzanne, blessée à la tête (elle en porte encore aujourd’hui la marque).

    Toute la famille Azaï a également été massacrée à coups de couteau, la sœur de ma mère, son mari, ses deux filles, dont l’une était paralysée, et son autre fille, qui arrivait de France en vacances, déchiquetée à coups de couteau avec son bébé.

    A la mine, le massacre s’est poursuivi. Mon frère assassiné, mon cousin Julien également, au restaurant. Pierrot Scarfoto à coups de fourchette et les testicules coupées et enfoncées dans la bouche, tout comme mon neveu, René.

    Mon père sourd de naissance, blessé, s’est réfugié dans une galerie abandonnée où on ne l’a retrouvé mort que quinze jours plus tard.

    Treize membres de ma famille ont été abattus ce même jour. »

    L’armée française est arrivée à 17h.

    Y avait-il quelqu’un, même un simple anonyme, ce samedi matin, 1er novembre, pour se recueillir sur les tombes de ces 123 victimes du FLN ?

    Encore faudrait-il que ces tombes soient toujours présentes et qu’elles n’aient pas été profanées, pour tenter d’en effacer même le souvenir…

     


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