Depuis l’adoption de la réforme des retraites par le 49.3, la colère de la rue est sortie de son lit. Et, avec elle, de nouvelles accusations de violences policières. Face au mouvement social, à une jeunesse désormais virulente et des soupçons sur la volonté de l’État de tuer la mobilisation, le malaise policier grandit. Enquête.
« On ne règle jamais les problèmes politiques par des coups de trique. » Le préfet qui parle, sollicité à la veille de la manifestation du 28 mars, est « très inquiet » devant ce qu’il décrit comme une « situation extrêmement dangereuse ». « En termes de maintien de l’ordre, personne ne sait où on va », admet ce spécialiste longtemps en charge de la sécurité publique dans la capitale. La phrase résume bien l’état de sidération dans lequel se trouve le sommet de l’État depuis la forte mobilisation du 23 mars et le week-end sanglant de Sainte-Soline.
En quelques jours, dans la rue, tout a changé. Les huit premières journées de manifestations s’étaient pourtant déroulées dans un certain calme. L’heure est désormais à l’affrontement brutal. Le ministre de l’Intérieur dénonce une « gilet-jaunisation du mouvement » et voit la main de l’« extrême gauche » et des « black bourges ». Une explication un peu courte… « Les Gilets jaunes étaient quelques milliers, les manifestants d’aujourd’hui sont des dizaines de milliers », constate un policier.