Voici la lettre envoyée en 2008 à Jacqueline Rouillon-Dambreville (Parti communiste), maire de St Ouen (93), par Nicole Guiraud, victime à l’âge de dix ans du terrorisme du FLN, grièvement blessée lors de l’explosion d’une bombe au Milk Bar d’Alger le 30 septembre 1956, attentat qui fit 3 morts et 50 blessés, dont 12 amputés, toutes victimes civiles, femmes et enfants.
Nicole Guiraud « s’étonne » que St Ouen ait baptisé une de ses rues du nom de « Nadia Guendouz infirmière et poétesse membre du FLN »
Madame le Maire,
Victime à l’âge de 10 ans d’un attentat a la bombe du FLN, le 30 septembre 1956 au Milk Bar d’Alger, ayant fait de nombreux morts et une bonne soixantaine de blessés, surtout des enfants et leurs mamans, je tiens à vous féliciter chaleureusement pour votre judicieuse initiative d’avoir fait apposer une plaque en l’honneur de l’une des militantes de ce mouvement « révolutionnaire » (sic), qui a causé la mort de centaines de milliers de Français, de Musulmans, de Français d’Algérie, aussi bien en Algérie que dans la métropole.
Cette idée est vraiment excellente dans la mesure où elle exprime, sans ambigüité, l’exacte position de ceux qui l’ont conçue… De plus, elle prouve l’exquise délicatesse de votre part, ainsi que de vos collaborateurs, envers les victimes innocentes d’un terrorisme que vous semblez particulièrement apprécier…
Je dois reconnaitre qu’avec des élus tels que vous, la France peut sans crainte regarder droit vers l’avenir, et être fière d’elle. Cette attitude courageuse est sans aucun doute unique en son genre parmi tous les pays d’Europe.
Encore « bravo » donc pour cette initiative qui, n’en doutons pas, est tout à fait appropriée pour apaiser les esprits et les mémoires douloureuses, et permettre le rapprochement tant souhaité entre nos deux peuples.
Mais sans doute avez-vous voulu honorer avant tout la poétesse ? Sans doute ne s’agit-il que d’une méprise de la part de malencontreuses victimes du FLN qui, de toutes façons, n’existent pas puisque c’est l’Histoire Officielle qui le dit.
Afin de réparer ce dérapage de très mauvais goût, je vous demanderai donc, au nom de toutes les victimes du FLN, civiles, militaires, Harkis, de bien vouloir décrocher au plus vite cette plaque infamante, qui pourrait avoir sa place en Algérie, mais non en France. Car nous sommes encore en France, madame le Maire, l’auriez-vous oublié ?
Ou bien seriez-vous capable de faire apposer, dans une rue de votre ville, à proximité de cette plaque, une autre plaque en l’honneur d’un Français victime du FLN ?
Seriez-vous capable de soutenir une initiative analogue en Algérie, c.à.d. l’apposition officielle d’une plaque en l’honneur d’un poète (ou chanteur, ou médecin, ou enseignant…) engagé pour la France que ce soit comme soldat, comme Harki, comme combattant de l’OAS, ou comme simple Pied-Noir tombé sous les coups du FLN ? Dans ce cas seulement, la France pourrait redresser la tête.
Dans le cas contraire, je ne pourrais que vous conseiller, avec tout le respect que je dois à votre fonction, de vous remettre à l’étude de la guerre d’Algérie. Il existe entre-temps de très nombreux et excellents ouvrages sur la question, qui seraient susceptibles de combler certaines lacunes de votre savoir en la matière.
Pour commencer, je me permets de vous envoyer en pièces-jointes deux photos de petites victimes du FLN.
En vous priant d’agréer, Madame le Maire, mes salutations avec le respect que je dois à votre titre.
Nicole Guiraud
La photo en début de cet article a été prise le 6 novembre 2012 soit 5 ans près l’envoi de la lettre de madame Giraud !